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Une année au service de Bienne : entre variété, collaboration et défis

Depuis un an, Natasha Pittet est conseillère municipale à Bienne et directrice des affaires sociales et de la sécurité. Dans cette interview, elle parle de sa première année de mandat et de ses projets pour l'avenir.

Cela fait maintenant presque un an que vous êtes conseillère municipale. Qu’est-ce qui vous plaît dans votre travail?

J’apprécie la variété des sujets au sein de ma Direction ainsi que la collaboration professionnelle et agréable avec mon équipe : mon secrétariat général de quatre personnes, y compris la déléguée à l’intégration, et les trois responsables de départements qui me sont directement subordonnés (social, protection de l’adulte et de l’enfant et sécurité).. Le travail avec les autres membres du Conseil municipal est aussi très enrichissant et cordial. Ce qui me plaît, c’est de me plonger dans un sujet après l’autre, de rencontrer sans cesse de nouvelles personnes, spécialisées chacune dans leur domaine et enthousiastes de transmettre leur expérience. J’apprends tous les jours, et c’est cela qui me passionne : je ne m’ennuie jamais !

 

Qu’est-ce qui vous a agréablement surprise ?

Avant d’arriver dans mon dicastère, je n’étais pas vraiment consciente de la grande diversité des thèmes traités au sein de la Direction de l’action sociale et de la sécurité. En effet, mon travail de parlementaire m’avait donné l’occasion d’y aborder assez peu de dossiers, car une bonne partie du travail s’y fait en fonction du droit cantonal ou fédéral, et n’est donc pas soumis aux décisions du Conseil de ville biennois.

Pour ne mentionner que quelques exemples : le travail de protection de l’adulte et de l’enfant, qui comprend non seulement le soutien des individus et des familles, mais aussi les relations avec l’APEA, le corps enseignant et de nombreux acteurs régionaux ; le réseautage enrichissant avec les acteurs institutionnels et officiels locaux, cantonaux et nationaux tant dans le domaine de l’aide sociale que dans celui de la sécurité ; la lutte contre la violence domestique, ainsi que contre la radicalisation et l’extrémisme ; le Service d’intégration qui accomplit des tâches essentielles, cantonales et municipales ; l’Organe de commandement régional en matière de protection civile, et j’en passe.

 

En tant que directrice de l’action sociale et de la sécurité, vous ne voyez pas que les côtés positifs de ce métier. Quels sont les côtés sombres de cette profession et comment les gérez-vous ?

Si j’ai bien compris votre question, vous parlez des destins parfois tristes de personnes qui s’adressent aux Services sociaux de notre ville : les vécus des enfants et des adultes qui sont soutenus par le Service de protection de l’adulte et de l’enfant ou qui demandent l’aide sociale sont souvent lourds et parfois tragiques. Chaque histoire est différente, et j’admire les assistantes et assistants sociaux qui travaillent avec ces personnes chaque jour. En revanche, si j’ai pu passer quelques heures avec notre personnel « au front » pendant les premières semaines dans ma Direction, vous imaginez bien que ce n’est pas mon travail quotidien.Ce dernier, en effet, est plutôt politique et stratégique : lorsque l’on sait que 30% des personnes qui vivent entièrement ou partiellement de l’aide sociale sont des enfants, cela laisse songeur. Mais le devoir de l’Etat, et aussi de l’individu, dans la tradition libérale, est de s’assurer que ces enfants puissent accomplir une scolarité réussie, se former et entrer dans une vie active sans l’aide de l’Etat.Cela me préoccupe aussi de voir que de nombreuses personnes issues de l’asile dépendent encore, même si ce n’est que partiellement, de l’aide sociale : en effet, cela signifie qu’après les 5 ou 7 premières années en Suisse (période pendant laquelle elles dépendent de l’aide sociale de l’asile), ces personnes n’ont pas encore acquis les compétences linguistiques et la formation nécessaires pour subvenir à leurs besoins. A mon avis, c’est un échec partiel de notre système d’intégration au niveau national.Enfin, de nombreuses personnes à l’aide sociale souffrent de troubles de santé qui rendent leur intégration dans le monde du travail impossible. Les délais pour obtenir une décision en matière d’AI sont parfois exagérément longs et elles dépendent dans l’intervalle de l’aide sociale.

 

Je pense que la meilleure manière de gérer ce contexte parfois lourd, c’est de travailler avec mon équipe, qui bénéficie de longues années d’expérience en la matière, de continuer à rencontrer mes collègues d’autres villes, les députés au Grand Conseil et d’autres acteurs qui peuvent agir pour que la responsabilité de notre société, que ce soit au travers de l’Etat ou des actions individuelles, soit efficace pour offrir des chances égales à l’ensemble de la population.


Quels sont les défis de Bienne ? Et comment abordez-vous ces changements ?

Le plus grand défi que j’ai personnellement à l’heure actuelle, c’est la refonte de notre Service de la migration, responsable de la délivrance et du renouvellement des permis de séjour. Il est notoire qu’à Bienne, ce service ne fonctionne pas de manière satisfaisante depuis des années, et ce malgré l’introduction de moyens numériques et de l’augmentation du personnel de 25% au cours des 7 dernières années. Il est en effet impossible pour la population, mais aussi pour les entreprises biennoises qui sont leurs employeurs, les propriétaires qui sont leurs bailleurs, de devoir attendre des mois avant le renouvellement d’un permis, ce qui complique de manière parfois extrême l’obtention d’un logement ou d’un travail.Nous venons donc de lancer, avec un accompagnement externe séré, un grand projet de détermination des besoins, humains, numériques et au niveau des processus afin d’atteindre des délais de traitement de dossiers acceptables. Il s’agit d’analyser, de proposer des mesures, puis d’accompagner leur mise en œuvre : un grand chantier lorsque l’on sait que 34% de la population biennoise est aujourd’hui de nationalité étrangèrePlus généralement, la Ville de Bienne a des défis financiers : les décennies de majorité de gauche ont mené à une culture de la dépense et d’une administration parfois peu efficace. Certaines structures ou processus sont dépassés, la numérisation est en cours mais ne porte pour l’instant que peu de fruits, les immeubles de la Ville ont trop longtemps souffert d’un déficit d’entretien, et nos finances sont dans le rouge. Il y a donc du travail : il nous faut conserver les services dont la population et les entreprises locales ont besoin (écoles, infrastructures, etc.) et poursuivre le développement de la ville pour la rendre mieux adaptée à la société de demain aux niveaux climatique et énergétique, notamment, tout en réduisant notre déficit. C’est un défi énorme.

 

Les élections approchent. Je suppose que vous allez vous représenter en tant que conseillère municipale. Avec quels projets à court et à long terme pour Bienne abordez-vous votre deuxième mandat ? 

Oui, je vais me représenter pour la législature à venir. Le travail me plaît énormément, et si je conserve mon dicastère, j’ai des projets que je souhaite poursuivre : à court terme, la réorganisation du service de la migration, l’introduction du nouveau système de gestion des cas (NFFS) dans le domaine du social prévu par le canton, l’implantation probable d’un centre d’hébergement pour requérants d’asile à Bienne, la mise en place de nouveaux outils pour lutter contre la violence domestique et sexualisée, pour ne nommer que quelques-uns. A plus long terme, je souhaiterai par exemple que la société civile prenne plus d’importance dans l’intégration social et professionnelle des bénéficiaires de l’aide sociale, que l’on mette en place une meilleure protection des enfants en cas de violence domestique, et que l’on renforce les contacts au niveau des villes bernoises pour les dossiers que nous avons en commun.

 

Nous avons maintenant parlé des réélections. La Mairie entrerait-elle également en ligne de compte pour vous ?

Mon parti a annoncé le 29 janvier que je me mettais à disposition pour la Mairie. La Ville de Bienne n’a plus eu de maire de droite, ni romand, depuis les années 1960 et aucune femme n’a encore occupé ce poste. Cela fait donc plus d’un demi-siècle que la ville est gouvernée par une majorité de gauche. De plus, ces dernières années, une gauche extrême, parfois très jeune, refuse tout projet entrepreneurial ou novateur : le projet de lotissement Agglolac au bord du lac a été balayé par le Parlement sans même être soumis au peuple, en bonne partie parce qu’il était soutenu par des fonds privés ; le trafic motorisé est attaqué sans réflexions, sans tenir compte du fait que pour tenir son rôle de centre urbain, les personnes habitant les alentours doivent pouvoir accéder à Bienne, aussi en voiture ; le Parlement a presque réussi à interdire toute vente de terrain par la Ville, quel qu’en soit l’usage prévu ; la moindre mention de l’éventualité de l’abandon de tâches par la ville soulève des cris au nom du « service public » et le Parlement a même souhaité soumettre les entreprises à un taux d’imposition plus élevé que les personnes physiques !La Ville a besoin d’être dirigée par une personne qui promeuve l’entrepreneuriat et le libre choix du mode de vie (et de déplacement), qui aborde l’assainissement des finances sous l’angle de l’efficacité et de structures légères et agiles, mais qui poursuive aussi le développement de notre ville et son adaptation au 21 siècle, aux niveaux du numérique, des transports, de la transition écologique et de la sécurité et du bien-être de la population.   

 

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